quandela OVHcloud MosaiQ

OVHcloud montre son MosaiQ et nous parle de son ordinateur quantique

Débauche de qubits… ou pas

Avatar de l'auteur
Sébastien Gavois

Publié dans

Hardware

18/03/2024 6 minutes
9

quandela OVHcloud MosaiQ

Aujourd’hui, OVHcloud inaugurait « le premier ordinateur quantique installé au cœur d’un fournisseur de services cloud européen ». Nous étions sur place, voici nos premiers retours sur cette machine, son installation, sa connectique et sa consommation électrique.

OVHcloud rappelle en guise d’introduction qu’il ne développe pas de machines quantiques en interne, mais qu’il « travaille sur l’utilisation du quantique », pour reprendre les mots de Michel Paulin, CEO d’OVHcloud. L’entreprise veut « aider les start-ups » (françaises et européennes) du quantique.

Cela concerne celles qui développent des machines, « d’où la commande » auprès d’une start-up française d’une première machine, explique Michel Paulin. Mais aussi celles qui travaillent sur la partie logicielle. OVHcloud prend sous son aile 16 start-ups, dont les français de Alice & Bob, Pasqal, C12 et Quandela.

Deux qubits photoniques…

Ce n’est pas la première machine quantique en production, loin de là, mais les autres sont installées dans des sociétés ou des centres de recherche, selon le roubaisien. Dans le cas présent, il s’agit de MosaiQ de la start-up Quandela, une machine avec deux qubits photoniques.

Cet ordinateur quantique mesure 0,8 x 1.9 x 1 m. Quandela explique qu’il est monté en rack et « compatible avec n’importe quel serveur standard de 19" ». Il nécessite uniquement du refroidissement par air dans la salle où il se trouve.

Nous ne reviendrons pas sur les qubits, ou bits quantiques, que nous avons déjà détaillé dans un précédent article. Il existe pour rappel plusieurs techniques et Quandela exploite pour sa part des photons.

Sans trop entrer dans les détails, Quandela nous explique qu’avec les photons, « le problème, ce n’est pas la décohérence, c’est la perte du photon : dès qu'il passe à travers un milieu [une porte quantique par exemple, ndlr] il va disparaitre avec une certaine probabilité ». Tant que le photon ne disparaît pas, « il va passer des portes jusqu’à la fin de l'univers ». Si le photon disparait, il faut recommencer le processus. Un des principaux enjeux est donc de générer des photons en quantité et de grande qualité.

Avec une évolution possible vers 6, 12 ou 24

Pour revenir à la machine achetée – pour un prix non précisé – par OVHcloud, la version de MosaiQ installée dans les locaux du roubaisien utilise deux photons. Physiques et logiques, dans le cas présent, ils sont deux.

Quandela propose des configurations de 2 à 12 qubits de son ordinateur quantique, avec une évolution possible. Dans le cas de la machine d’OVHcloud, l’hébergeur pourra augmenter le nombre de qubits jusqu’à six avec très peu de changements sur le matériel, nous confirment les deux partenaires.

La photo ci-dessous a été prise à l’arrière de l’ordinateur quantique. On y voit six fibres optiques (en bleu sur la droite) où passent les photons. Si cette version actuelle n’utilise que deux qubits, une partie du matériel permet de passer rapidement à six. À plusieurs endroits, on peut voir six chemins pour les qubits.

Quandela prévoit de passer à 24 qubits l’année prochaine. L’ordinateur quantique MosaiQ d’OVHcloud pourra en profiter, mais cela nécessitera surement d’installer une seconde machine à côté de la première pour grimper à 24 qubits. La possibilité d’évoluer était mise en avant par Quandela, ce n’est pas une spécificité de la machine OVHcloud.

Trois câbles pour installer l’ordinateur quantique

L’inauguration était l’occasion de voir la machine quantique en fonctionnement, dans son environnement. Elle est installée dans les locaux de la société à Croix (voir un timelapse du montage), à côté de son datacenter cold storage (les serveurs sont dans des datacenters à quelques kilomètres, à Roubaix).

Elle est un peu seule dans une pièce, mais ne nécessite aucune installation particulière. Sur la photo ci-dessous, les deux câbles noirs sont l’alimentation électrique, le blanc/beige, c'est le réseau. Les câbles rouges ne sont pas liés à l’ordinateur quantique, mais sont des systèmes de protection (incendie) de la salle.

Consommation électrique et refroidissement

La connectique est réduite à sa plus simple expression : deux lignes électriques (l’alimentation est redondante), un câble réseau et… c’est tout. De la production des lasers (pour les qubits) au traitement des photons en passant par le refroidissement, la machine s’occupe de tout. Le cœur de l’ordinateur quantique ne doit pas dépasser les 3 kelvins, soit -270 °C. Là encore, tout est régi en interne par l’ordinateur quantique.

La consommation électrique classique en utilisation est aux alentours de 2,5 kW. Le fabricant recommande de disposer d'au moins cinq kW, car l’ordinateur a besoin de plus de puissance au démarrage. Ensuite, la consommation moyenne reste assez stable.

Nous posons la question de l’augmentation de la consommation avec une hausse du nombre de qubits. Pour Quandela, elle est très faible : on reste en dessous des 3 kW avec six qubits et la machine pourrait légèrement passer au-dessus des 3 kW avec 12 qubits. Une chose est sûre : la consommation n’est pas liée au nombre de qubits.

Disponibilité et tarif

Les chercheurs et universités pourront accéder gratuitement à la QPU Quandella, sous réserve que votre dossier soit accepté : « OVHcloud est fier d’annoncer un programme éducatif à destination des étudiants de grandes écoles et universités dont celles appartenant notamment au consortium QuanTEdu-France telles que Télécom Paris ». Les demandes sont ouvertes et passent par ici.

Ils pourront également « profiter de 80 heures d’accès à la gamme complète de notebooks quantiques proposée par le Groupe et incluant notamment les notebooks Alice & Bob, C12, Eviden, Pasqal et Quandela », précise l’hébergeur dans son communiqué.

Pour les entreprises, le service sera payant, mais le « tarif pas encore annoncé pour les instances quantiques ». Il s'agira d'une « tarification à la durée », nous précise Fanny Bouton, quantum lead & startup program chez OVHcloud.

OVHcloud utilise par ailleurs l’ordinateur quantique en interne, pour générer des nombres aléatoires pour des clés de chiffrement. Deux qubits sont largement suffisants, nous confirme Quandela, qui a développé un protocole maison. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans un prochain article.

Écrit par Sébastien Gavois

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Deux qubits photoniques…

Avec une évolution possible vers 6, 12 ou 24

Trois câbles pour installer l’ordinateur quantique

Consommation électrique et refroidissement

Disponibilité et tarif

next n'a pas de brief le week-end

Le Brief ne travaille pas le week-end.
C'est dur, mais c'est comme ça.
Allez donc dans une forêt lointaine,
Éloignez-vous de ce clavier pour une fois !

Fermer

Commentaires (9)


C'est intéressant de savoir qu'il devient possible d'avoir une machine de calcul quantique à taille presque humaine. C'est déjà beaucoup en terme de miniaturisation d'avoir tout ça dans une seule baie, refroidissement inclus. Le tout pour une consommation raisonnable.
Je ne sais pas encore ce qu'on en fera à l'avenir, mais c'est prometteur.
ça sert à quoi?
En gros, de la recherche et uniquement de la recherche.
En dehors de la R&D: "OVHcloud utilise par ailleurs l’ordinateur quantique en interne, pour générer des nombres aléatoires pour des clés de chiffremen" à la fin de l'article...

Sinon, plus généralement, les débouchés possibles pour les ordinateurs quantiques sont multiples mais les différentes technos manquent encore de maturité pour de réelles applications pratiques à échelle intéressante.

Mais tout ça est évoqué dans les différents articles de Next sur le sujet ;)

Lasout

En dehors de la R&D: "OVHcloud utilise par ailleurs l’ordinateur quantique en interne, pour générer des nombres aléatoires pour des clés de chiffremen" à la fin de l'article...

Sinon, plus généralement, les débouchés possibles pour les ordinateurs quantiques sont multiples mais les différentes technos manquent encore de maturité pour de réelles applications pratiques à échelle intéressante.

Mais tout ça est évoqué dans les différents articles de Next sur le sujet ;)
Mwais, générer de l'entropie via un dispositif quantique, ce n'est pas nouveau... il y a des appliances pour ça... là ça a un côté couper son pain avec un sabre laser pour faire des toasts...

ragoutoutou

Mwais, générer de l'entropie via un dispositif quantique, ce n'est pas nouveau... il y a des appliances pour ça... là ça a un côté couper son pain avec un sabre laser pour faire des toasts...
Peu importe, ce n'est pas de la R&D, je réponds juste à la question et c'était écrit dans l'article...
Pour le reste, cf. l'autre moitié de ma réponse.
Merci pour cet article. Une idée de comment est effectué le refroidissement à -270 °C, s'il est effectué en interne par l'ordinateur?
De la production des lasers (pour les qubits) au traitement des photons en passant par le refroidissement, la machine s’occupe de tout.
Modifié le 19/03/2024 à 13h04

Historique des modifications :

Posté le 19/03/2024 à 13h04


De la production des lasers (pour les qubits) au traitement des photons en passant par le refroidissement, la machine s’occupe de tout.

Dj

De la production des lasers (pour les qubits) au traitement des photons en passant par le refroidissement, la machine s’occupe de tout.
il semble étonnant que la machine puisse se refroidir elle-même en totale autonomie justement
Modifié le 03/04/2024 à 21h55

Historique des modifications :

Posté le 03/04/2024 à 21h55


il semble étonnant que la machine peut se refroidir elle-même en totale autonomie justement